jeudi 22 octobre 2015

Le monde

Le monde

Une rivière qui trouve sa source
entre deux rochers.
Un cheval terminant sa course
dans l'herbe couchée.

Et ce zèbre qui boit et se ressource
avant que la lionne le digère.
Et si je suis la grande Ours
trouverais je sa tanière ?

Un passant se demande pourquoi il a peur
devant cet autre passant.
un moustique me réveille à toute heure
en suçant mon sang.

Et cette équation qui ne peut se résoudre
à être autre chose qu'une équation.
On se tait quand parle la poudre,
Elle ne pose pas de questions.

Un signal électrique pour impulser un rythme,
un échec commercial pour virer tout le monde,
un coup sec sur la nuque pour la frime,
un coup de trique pour la faconde.

Et entre ses cuisses se perdre
quand on a plus rien à gagner.
S'endormir sous un cèdre
quand la journée ne nous a rien épargné.

Un peu plus de lumière sur une joue,
un peu plus de vérité salée
qui coule sur la peau et déjoue
les rôles et les pis-aller.

Et tout ce que l'on croit posséder
et qui n'appartient qu'à l'autre.
Et ce gosse qui voudrait décider
avant que d'être

Cet ami qui n'existe plus quand
la justice s'en mêle.
Ce corbeau éloquent
qui noircit le ciel.

Accroché à mon monde
J'étreins sa lumière
je peins avec,
des éclats de jour.

Et cette mémoire qui n'en fini pas de trier
J'ai besoin d'elle pour pouvoir oublier.
Un arbre s'est embrasé dans l'orage
Tu m'as embrassé sans partage

Au matin un homme s'est pendu
de n'avoir su dire ses peurs.
Une eau claire éperdue
pourrait faire mon bonheur.

Je n'ai d'autre refuge que ce monde
d'autres subterfuges que d'exister
Je n'ai d'autres horizons à la ronde
que d'être multiple et résister.

Un pas dans la neige
Un rire sans retenue
Et ton fardeau que ces mains allègent
ces mains inconnues
Que tu craignais hier encore

te feront vibrer le corps

Au fil de l'Autre

Au fil de l'Autre tu as tissé tant d'espoirs
Qu'un piège orbiculaire autour de vous se forme
Engluant vos rêves d'écrire votre histoire
Dans ses mailles serrées, toutes protéiformes.

Mouches, fines larmes de pluies, le ret arachnéen
Dans lequel vous vous débattez, attendant tout
De l'autre et de demain, patient, manichéen,
vous absorbe, vous laissant à votre absurde va-tout.

Ô combien te faudra t'il encore en découdre
Avec cette foi en un avenir meilleur, 
Démêler d’écheveaux pour enfin te résoudre
à être toi, là, avant que de filer ailleurs.

Eparpiller d'un coup de pied les feuilles sèches
Qui retombent en crépitant, ton palpitant
qui s'emballe à ce son et tes doigts dans tes mèches
qui dégagent ton front pour sentir mieux le vent

Je n'ai pas peur de l'autre, je ne crois pas en lui
Je sais notre capacité à nous unir
Et puis nous nuire, nous punir au coeur de la nuit
Je sais que nous serons las de nous déconstruire

Je ne crois pas en l'autre, je sais et je suis l'autre
Il me nourrit, m'abreuve, je n'attends rien de lui
Je le remplis de moi. Au diable les apôtres !
La parole n'est qu'intérieure et craint le bruit !

Attentiste tu noues à l'autre tes desseins
Pour t'y accrocher comme au flanc d'une montagne
Attention, Ascension sans retour et sans fin

sur le versant de vos illusions de Cocagne.  

Les pieds dans l'humus

Sortez de vos grottes et défroissez vos ailes
Pour ne rien avoir à regretter
Sur l'écran radar de vos envies nocturnes
suivez la trajectoire de la pipistrelle


Les pieds dans l'humus
les pieds
dépolluer son cortex
les mains sur l'écorce
les mains
vider sa mémoire
les doigts dans la glaise
les doigts
nettoyer ses sens
Les yeux au fond des pistils
les yeux
atténuer la douleur

tu vois c'est si simple
de renaître


Au crépuscule je ferai le mur
pour jeter des cailloux à ta fenêtre
Au crépuscule je ferai le mort
Afin que tu m'apprennes à renaître

Au moment imprécis où le jour meurt
J'irai peut-être tout envoyer paître
A l'instant T où naissent les remords
Je n'aurai plus enfin qu'à disparaître

Sur le mur à l'heure du crépuscule
Debout, le regard au delà des haies

Quand le jour crée l'obscurité

Quand le jour aura fait son temps, repus
de clarté, bruits et soubresauts, battu

Que les plaintes urbaines se seront tues

Je serai murmure


Ressac

La mélancolie qui s'écoule de la houle
Calme et violente roule et envahie mes veines
Et cette peur de sombrer dans les fonds d'ébène
m’emplit de force, m'émeut et m'assaille et me saoule.

Je suis fétu de paille sur la crête des vagues
Oh que fais tu petite brindille à te laisser porter
Oh que fais tu petit ? Buscas tu la muerte ?
Je suis fétu de paille sur le dos je divague.

Profonde est ma révolte, sourde aux mises en garde
Qui voudrait l'apaiser par la peur et l'oubli !
Mais Je me laisse aller au ressac, ses roulis,

Cette force apaisante, que les mouettes criardes
chantent, me nourrit de ses reflux. Alors m’emplis

la mélancolie qui roule, se plie, se déplie...