Dans mon jardin 5

Le hamac épouse tes formes

J'écoute gronder la ville
Et si demain elle part en vrille
je serais près du poulailler

de la fourche 
la bêche
et le couteau rouillé

La peur ne gagnera pas
Ils peuvent essayer
Mon jardin me protège
il résiste
Notre jardin nous protège

S'il faut être nombreux
nous ouvrirons les murs

S'il faut être nombreux
nous finirons debout
à écouter neiger les branches en été

en attendant je retourne bêcher

La peur ne gagnera pas

Dans mon jardin 4

J'écoute s'égoutter les feuilles

du laurier

Vierge, la vigne le restera

La nuit vibre d'une alarme de voiture

Les pneus claquent sur l'asphalte crevé

Encore une fois j'ai glissé sur une dalle luisante

Le monde est loin

malgré la radio qui tente l'imposer

Étroite est l'allée

Et les roses trémières trempent ma chemise

Dans mon jardin 3

Dans mon jardin

La consoude et la tanaisie résistent

Guêpes et abeilles se gavent de poires blettes
tombées toutes seules
d'un trop vieux et trop grand et trop noueux
bête poirier

J'ai vu mon regard se perdre
dans une branche d'amandier

Le bourdonnement des voitures
n'y change rien

Dans mon jardin 2

Dans mon jardin

Un hérisson noctambule s'éclaire aux lucioles

je parle aux couleurs en daltonien
et les roses deviennent iris

et neige le tamaris au printemps

Dans mon jardin

Trois épis et le buis

ploient sous la pluie

Une rose lorgne chez le voisin

une autre me coupe le chemin

Le romarin s'étire pour s'éprendre des branches du cerisier

Neige au printemps le pommier

Des jours sans

Y'a des jours avec du sens

Des rouges avec du sang

Des jours avec

Et puis des sans

Le jour descend.

les joues rouge sang,

la lune ascendante

sanglote

Je m'évite

Je m'évite quand j'peux

je change de trottoir à mon passage

j'évite les miroirs

je me couche la lumière éteinte

Je m'évite

Tu m'invites

Quand tu veux

L'averse, n'étant pas née de la dernière, continue de tomber...

L'averse, n'étant pas née de la dernière, continue de tomber...

Ballade estivale matinale

J'aime me perdre dans les rues

Absorbé par un dos nu

Une odeur de fournil

Rue des 3 conils

Un short trop court

Appel à partir au long cour

Dans les étendues vertes d'un parc

Guidé par le juron d'un artisan

Trompé par le nom d'une impasse qui n'en finit pas

Me perdre à pas lents

Dans un matin aux relents

de jamais vu

Lire un papillon

Suivre un pictogramme

Sur le mat d'une peau

que la lumière matinale

fait frissonner

Tel Hansel sans Gretel

Accroché à la bretelle en dentelle

D'un soutien gorge indiscret

Découvrir une place

A peine réveillée

déjà bruissante

Séquelles

Presqu'il

Pas celui d'ses rêves

Presqu'elle

Pas du tout eux

Elle sait qu'il

laissera des séquelles

Des stigmates

Sur sa peau mate.

Le primate

Qui plie ses gaules

Et ploie comme un saule

Aux premiers frimas

De leur saga.

Manque de courage

Mauvais présage

qu'il lit dans le marc

et le pinard

Elle en a assez.

Qu'elle se marre

Ou qu'elle se lie

D'amitié au dernier

des démons

Il campe sur ses positions

Missionnaire de l'ordinaire.

Ses rêves atomisés l'enchaînent

à des réactions primales

Et ça fait mal.

Des signes

Laisser des traces,
semer des pierres blanches
pour éclairer le tableau noir
de nos journées,
de notre temps qui passe
nos dos qui flanchent
et nos déboires
avec l'éternité.

Laisser des marques
comme des lignes de vie
dans nos mains encore vives
pour nous rappeler
que dans cette barque
Nous sommes unis
jusqu'à la prochaine rive
avec l'éternité

Je tatoue ton regard
ton coeur et ta peau

Parfois je n'ose

Parfois je n'ose
Ou ne peux
Alors je frôle

Tout près
Si près
Je sens

Je respire
l'instant.
Me retiens.
garde en moi
Parle en moi
en attendant
Demain
Un autre moment
Plus propice

Atelier couture

Je m'occupe de mon cas
Je m'découpe en tranches
De vie
J'résouds rien
Je couds des bouts
Et du coup
Je doute de tout.

"Souvent" mis en photo par la photographe Céline Mathé

Photographie de Céline Mathé

• http://www.photocelinemathe.fr