jeudi 14 décembre 2017

C'est quoi une chanson ?

C'est quoi une chanson ?
Une mélodie, des mots, une voix, une interprétation, une orchestration, des arrangements, un son ?… Oui, c'est tout ça et aussi et surtout un moment, une ambiance, une période de la vie, une situation. On n'a pas trouvé mieux qu'une chanson pour accompagner tel ou tel moment de sa vie. Une chanson, c'est fulgurant, immédiat, instantané, fugace et intemporel, immortel et éphémère. Ça reste planté dans la tête, le cœur, les tripes, ça reste fiché dans les murs, les rues, les paysage. Un mot, un objet, une image, un parfum, déclenchent une chanson, sans qu'on sache vraiment pourquoi. C'est comme ça. Une chanson, ça vit, ça s'enfouit, se cache, s'enfuit, ressurgit.
Rien ne me procure autant d'émotions qu'une chanson. Et j'ai beau dire et beau faire, derrière une chanson il y a un chanteur, une chanteuse. Je me fous de savoir qui il, elle est. Il, elle est, celui ou celle qui chante, qui a chanté cette chanson, l'a créée, composée, jouée et ça me suffit. Bien sûr, je mens en disant cela, car j'aime des personnes, des personnalités en particulier, mais, dans l'ensemble, je m'en fiche.
Je sais pas, peut-être des milliers, oui des milliers de chanteurs, chanteuses et leurs chansons. Je ne peux plus compter.
Il y a ces chansons qui reviennent tout le temps, plus que les autres. Celles qui traversent les années, les décennies et s'accrochent à moi comme rien d'autre. Rien n'a cette même puissance, ces mêmes saveurs. C'est pire qu'un plat culinaire, pire qu'une scène de film, incomparable avec un roman, un paysage, une ivresse, une caresse, un baiser. D'ailleurs, quand je ferme les yeux pour t'embrasser j'ai des chansons en tête.
C'est comme ça et une chanson sans une voix, un interprète, ça n'existe pas.
Alors, je me ballade au milieu d'une foule immense d'artistes, si différents, si opposés parfois, si pas pareils. Tous ces gens, ces artistes ont une seule chose en commun, ils chantent. Ils sont noirs, blancs, vieux, jeunes, l'ont été, ne le sont plus, femmes, gamines, gros, barbus, chevelus, rasés, recouverts de cuir, en tshirt, avec des lunettes, des paillettes, des complets 3 pièces, sages, défoncés, ils chantent dans plein de langues différentes, crachent, susurrent, gueulent, éructent, chuintent, ils racontent des histoires, ou rien du tout, juste des images, et surtout, surtout, ils me parlent, il me parlent de moi, ils savent tout de moi, ils me disent quoi faire, quoi penser et ils comprennent.
Toutes les chansons que j'aime me correspondent.
Et je pleure quand les chanteurs qui m'accompagnent, m'ont accompagné, meurent, disparaissent, me laissant juste leurs chansons. Je pleure à chaque fois qu'un chanteur, une chanteuse que j'ai aimé disparaît parce que je sais qu'il, elle, ne pourra plus écrire de chansons, jamais. Et ça, ça me rend malheureux.
Inutile de chercher à définir si la chanson c'est de l'art, majeur ou mineur, si c'est plus difficile que la littérature ou plus facile que la peinture, si ce qui est populaire est moins important que ce qui est confidentiel, parce que la chanson, c'est au-delà de tout ça. La chanson, c'est la base. Faut même pas chercher à comparer. Dès que l'on commence à comparer la chanson avec d'autres arts, d'autres activités, on se casse la gueule, parce qu'on trouvera toujours des exemples d'écrivains géniaux qui ont écrit des chansons, des peintres qui peignent en écoutant des chansons, des cinéastes qui ne peuvent s'empêcher de mettre des chansons dans leurs films, des chanteurs d'opéra qui écoutent des la variété dans leur voiture, des physiciens qui cherchent en fredonnant, des maçons, des routiers, des pdg, des traders, des paysans, des guerriers, des moines et toi, toi qui est entrain de faire la liste dans ta tête des chansons qui ont marqué ta vie, en lisant ces lignes et qui te dis que, oui, c'est évident. Oui, la chanson, c'est évident.
Une bonne chanson ? Une mauvaise chanson ? On s'en fout. Le marketing, le business, le matraquage des médias, le pognon, le pognon, on s'en fout ! Ce qui compte c'est la chanson. Tuez les artistes, il restera leurs chansons. On aura beau faire. Brûlez les artistes pour leurs opinions politiques, il restera leurs chansons.
La seule définition valable pour une bonne chanson, c'est sa durée de vie. Mais, une mauvaise chanson, une qui ne dure pas, a tout de même été bonne à moment donné, pour quelqu'un et puis elle a disparu. Et les bonnes, les grandes chansons restent parce qu'elles correspondent tout le temps à quelque chose qui parle à de nouvelles personnes. C'est ça la puissance absolue d'une chanson : l'éternité. Après moi, les chansons dureront, celles que j'ai aimées, seront aimées par d'autres et encore par d'autres après ceux là…
Je m'entoure d'images, de livres, de gens, je stocke des objets, des meubles, des photos, visibles, palpables, mais là, dans le creux de mon crâne, les chansons défilent, dorment, se révèlent, se baladent et chantent, chantent, tout le temps et ça, c'est LA vie. Et si demain, je suis tout nu dans une pièce froide et vide, même si ça ne sert absolument à rien, je chanterais, même à l'intérieur de mon crâne.
Je voulais juste rendre hommage aux chansons et à celles et ceux qui les font.

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